Biographie
Petite, Caroline Tyranowicz transformait chaque long trajet en voiture en fleuve de rêveries, elle se voyait sur le tapis rouge de Cannes, arriver au volant à toute vitesse, ou en cascadeuse, autant d’images du cinéma et du théâtre qu’elle n’avait pas encore appris à nommer autrement que par la magie des plateaux. En CM2, une première scène à l’école (rôle principal) lui révèle l’émotion du jeu. Elle poursuit ensuite à la MJC d’Oullins puis au Théâtre du Sud-Ouest Lyonnais (SOL), où des compagnons amateurs passionnés lui transmettent le désir et la technique du théâtre. Elle garde une profonde gratitude pour ces passeurs qui offrent aux enfants la joie de jouer.
Consciente de sa vocation mais voulant rassurer des parents inquiets, elle passe d’abord un BTS Tourisme « en touriste », dit-elle, avant de rejoindre l’université. Arts du spectacle à Lyon II. Sportive et curieuse (plongée, VTT, volley), elle s’intègre au monde des étudiants d’Arts du spectacle, part un an aux États-Unis comme jeune fille au pair pour travailler son anglais et jouer ponctuellement à Atlanta, puis obtient sa Licence et sa Maîtrise d’études théâtrales. On lui propose d’écrire une thèse, mais l’analyse ne suffit pas, elle veut être actrice dans et de la société. Déterminée, elle tente les concours des grandes écoles (TNS, Conservatoire, ENSATT, la nouvelle école de Lille). Trois années d’auditions, de trajets nocturnes à cinq dans sa voiture pour Rennes ou ailleurs, aboutissent à un dernier stage à l’INSAS de Bruxelles « à ça » d’y être, puis à un nouveau refus. À 24 ans, la nécessité de travailler la rattrape. Active depuis 17 ans (animation, ateliers de théâtre, vente en boutique de jeans, opératrice de télésurveillance), elle connaît déjà le terrain.
Pour concilier engagement culturel et utilité sociale, elle poursuit un Master 2 en Relations interculturelles et coopération internationale. Un stage la mène à la compagnie sénégalaise Bou-Saana : elle y est « couteau suisse » administratrice, chargée de production, régisseuse de tournée, assistante de mise en scène (notamment sur Allah n’est pas obligé, adapté d’Ahmadou Kourouma, et Des vies à jamais, théâtre documentaire sur le génocide rwandais, mis en scène par Patrick Schmitt) et participe à Le destin du clandestin, écrit et incarné par Djibril Goudiaby. Elle collabore également avec Spiralum Cie (Fabrice Maigrot) et la Compagnie Tournlesol au Bellovidère, dirigée par Nicolas Delarbre et Selin Dündar, à Beauvoir (89).
En 2007, elle se marie avec un Sénégalais et vit une période marquée par l’ouverture culturelle une étape importante mais sans en faire l’axe central de son récit. De retour en France, elle réussit le CRPE, devient enseignante puis directrice d’école dès sa première année, la direction est un tremplin vers les Alliances Françaises, mais des contingences administratives (notamment la règle de non-placement dans le pays de la nationalité du conjoint) ferment cette voie. Elle exercera l’enseignement et la direction pendant environ douze ans, tout en multipliant les projets théâtraux dans les écoles, animant ateliers, emmenant une troupe d’adolescents au Festival Shakespeare de Tournon-sur-Rhône (2014), et assistant Fabrice Maigrot pour diriger 40 figurants lors du spectacle célébrant les 900 ans de l’abbaye de Pontigny.
Après une mutation, elle s’installe à Aubagne en 2017, le Sud, la mer et la plongée aménagent un cadre de création qui la ressource. En mai 2019, elle rejoint la création de Vedettes (Geoffrey Coppini et Jérôme Nunes) à la Distillerie d’Aubagne, spectacle engagé pour les droits LGBTQIA+, où elle incarne une comédienne qui joue une FEMEN qui joue une bonne sœur. Cette collaboration ravive son désir d’écriture : elle crée K la Baleine, spectacle jeune public que Geoffrey Coppini intègre dans sa compagnie.
En 2021, à 41 ans, après une hospitalisation liée au Covid, Caroline opère un tournant radical : rupture conventionnelle, séparation, et retour total au jeu. Depuis, elle enchaîne castings, représentations, figuration, courts-métrages, formations et cours de chant. Formée au doublage (avec Céline Bothorel et Isabelle Brannens), elle multiplie les formats, scène, face caméra, doublage, e-learning, livre audio, voix off, qu’elle peut aussi produire depuis son home studio. Son objectif est simple et puissant, jouer. Accéder à des rôles développés, explorer toutes les facettes du jeu, et conserver ce sentiment d’alignement ressenti depuis 2019. Travailler sérieusement sans se prendre au sérieux, vivre par le jeu, et faire de chaque jour, même bref, Caroline veut vivre ces moments pleinement dans une éternité pleine de joies.