Biographie
Née le 1er août 1963 à Martigues, surnommée la « Venise provençale », Élisabeth Beltram est issue d’un métissage culturel riche : ses parents, pieds-noirs rapatriés en Métropole après la guerre d’Algérie, sont d’origines espagnole et juive maltaise. Sa mère, ancienne membre de la troupe « La Famille Hernandez » à Alger, lui transmet sans le savoir la fibre artistique. Son frère Stéphane, musicien autodidacte au talent discret, partage cette sensibilité.
Son enfance est marquée par l’amour maternel, mais aussi par une autorité paternelle très dure. À 13 ans, elle est victime d’un abus resté longtemps enfoui, qu’elle affrontera plus tard avec courage grâce à des années de thérapie et de psychanalyse. Cette « relation » imposée et cachée durera cinq années, dans le silence et l’isolement. À 17 ans, un grave accident de moto la plonge dans le coma : les séquelles physiques, multiples fractures et douleurs chroniques, l’accompagneront toute sa vie.
Depuis toujours, Élisabeth rêve de théâtre, de danse, de scène. Mais ses aspirations sont systématiquement tournées en dérision. À 7 ans, elle espérait des chaussons de danse, elle recevra… un kimono de judo. Son frère, qui voulait apprendre la guitare, en verra l’instrument brisé. Elle poursuit pourtant ses études, obtient le Bac, entame le Droit puis la Psychologie, avant que son père ne l’oblige à passer le CAPEC de monitrice d’auto-école. À 19 ans, elle est bachelière et monitrice, et devra reprendre l’auto-école familiale sous son propre nom.
Elle met alors ses rêves de côté pour s’occuper de sa famille, élève ses enfants avec amour et dévouement, et intègre la Fonction Publique Territoriale, où elle travaillera 32 ans. Pourtant, l’appel du jeu ne l’a jamais quittée. Dès 2001, elle rejoint des troupes amateurs et commence la figuration au cinéma et à la télévision. De 2009 à 2021, elle jongle entre ses journées de travail et des tournages souvent nocturnes, parfois jusqu’à l’épuisement. Il lui est arrivé d’enchaîner des nuits de tournage sur Camping Paradis à Martigues et des journées entières au bureau, sans un jour de repos.
En 2021, après le décès de ses deux parents, elle décide de se recentrer sur elle-même et sur ce rêve d’enfant qu’elle n’a jamais vraiment abandonné : devenir comédienne. Elle quitte son emploi pour raisons de santé, et choisit de se former sérieusement : stages, formations intensives, méthode Sanford Meisner, tout y passe. Sa mémoire est parfois mise à l’épreuve, mais sa volonté reste intacte. En 2024, elle suit la formation CLAPCLASS face à dix directeurs de casting et enchaîne avec un stage à La Fabrique de l’Acteur.
Forte de plus de 300 journées de tournage, d’une trentaine de petits rôles ou silhouettes parlantes, elle trace sa route seule, sans réseau, sans appuis. Si certains la jalousent ou la soupçonnent de favoritisme, elle sait ce qu’elle a bâti à la force du cœur. Elle s’est faite seule, en s’accrochant. Les blessures causées par certaines remarques injustes l’ont touchée, mais ne l’ont pas arrêtée.
Elle est aussi curieuse des coulisses que passionnée par le jeu : elle observe, apprend, échange avec toutes les équipes, du HMC au cadreur, du comédien principal au réalisateur. Son sens du contact, sa générosité, sa bonhomie naturelle sont salués sur chaque plateau. Elle fuit les conflits et reste profondément humaine, sincère, joyeuse.
Travailleuse acharnée, elle continue de chercher, de s’actualiser, de filmer des scènes, de poster des vidéos, de répondre aux castings. Elle ne lâche rien, fidèle à sa devise. Elle n’hésite pas à tourner seule des vidéos humoristiques ou de petits monologues, espérant toujours une rencontre, un regard, une chance. Elle reste connectée, curieuse, vivante.
À l’approche de la retraite, elle revendique le droit de réaliser pleinement ses rêves. Car pour Élisabeth Beltram, jouer, c’est exister, vibrer, panser les blessures passées, donner corps à l’émotion. C’est s’offrir enfin ce plaisir si longtemps repoussé : Vivre vraiment !